Le mainstream émet enfin timidement des doutes sur les valeurs de performance fournies. Il est particulièrement intéressant que Stéphane Heulot, un ancien compagnon de route de Gianetti, le manager de l’équipe des EAU, s’exprime de manière critique [23]. La stratégie de défense de Pogacer, avec des crêpes et des brownies, n’a d’égal que son ridicule argumentatif et son impuissance [24]. Cela rappelle immédiatement la légende jamaïcaine de la patate douce d’Usain Bolt [25]. Les autres platitudes de Pogacar sur le thème du dopage ressemblent elles aussi à la reproduction d’une bande-son bien connue, que l’on a toujours entendu répéter des dizaines de fois par tous les suspects et, la plupart du temps, par ceux qui ont été reconnus coupables [26a]. Chez Pogacar, les horloges fonctionnent de toute façon différemment [27]. Un coup d’œil aux Jeux olympiques montre que la domination douteuse de certains athlètes, par exemple en natation, fait également des vagues, à juste titre [26b].
L’infrastructure du personnel dans l’environnement des équipes et des athlètes est un aspect tout à fait décisif dans l’évaluation du contexte de dopage. Et celle-ci se recrute parmi le personnel éprouvé et conditionné en conséquence du passé pharmaceutiquement chargé, sur lequel de nombreux articles de ce blog ont déjà présenté des recherches détaillées. Deux exemples supplémentaires de la couverture médiatique du TdF de cette année méritent d’être cités. D’une part, le « soigneur » personnel de Vingegaard, le physiothérapeute allemand Achim Schmiedel, qui a fait ses débuts dans la branche dans les années 1990 au sein des cadres de la relève du BDR (Bund dt. Radfahrer) et qui a fêté cette année sa 20e participation au TdF [28]. Auparavant, il a notamment fait partie de l’équipe russe Katuscha-Alpecin, d’Omega Pharma (ça tombe bien !)-Quick Step et de l’équipe Coast de Jan Ullrich [29].
Le médecin de l’équipe Red Bull-Bora-Hans Grohe, le Dr Ortwin Schäfer, constitue un autre élément personnel. L’interniste a déjà exercé au sein des équipes Radio Shack Leopard et Trek Factory, issues des écuries à scandale de Lance Armstrong [32]. Son CV est en outre étroitement lié, sur le plan académique, à la clinique universitaire de la Sarre [33], qui jouit également d’une grande notoriété dans les cercles d’initiés autour du « gourou » local, le professeur Kindermann [34]. Venu du football, le docteur a gravi les échelons du who’s who du cyclisme professionnel [35] et a mentionné en passant, dans un reportage, avoir entendu dire qu’il y avait un problème de dopage dans le cyclisme [36]. Nous connaissons également le jeu de l’ignorance totale comme variante de communication sur ce thème délicat de la part de diverses sommités médicales clandestines du passé. Les déclarations de Schäfer sur le thème des nombreux décès ou invalidités cardiaques récents, sans même évoquer la cause réelle des exécutions expérimentales massives par thérapie génique [37], s’inscrivent également dans ce schéma. Il est vivement conseillé de jeter un coup d’œil à l’article « Infarctus du cycliste » sur ce blog et de se familiariser avec les bases de la biologie moléculaire de la physiopathologie des cocktails toxiques injectés [38].
La discussion sur l’utilisation éventuellement abusive de monoxyde de carbone pour améliorer les performances chez Pogacar et d’autres équipes est un indice supplémentaire de l’exploitation de toutes les zones d’ombre avec le soupçon initial d’aller au-delà [39]. Toutes ces remarques justifiées sur l’efficacité de l’amélioration potentielle de la capacité d’endurance, basée sur des études, ne tiennent absolument pas compte de l’histoire et de la signification réelle de la méthode. A l’origine, un test de dépistage du dopage sanguin autologue par détermination de la quantité totale d’hémoglobine a été mis au point dès la fin des années 1990 par le professeur Walter Schmidt de l’université de Bayreuth, avec des volontaires des équipes Telekom et T-Mobile [40]. Officiellement, les équipes contestent bien sûr une utilisation manipulatrice et justifient l’utilisation par la mesure de paramètres sanguins pour déterminer l’efficacité des séjours en camp d’entraînement en altitude. Mais le contrôle des profils hématologiques individuels peut aussi être utilisé de manière totalement différente, à savoir pour observer la constance des paramètres pour le passeport biologique de l’athlète (« passeport sanguin ») [41], afin de ne pas produire de valeurs aberrantes susceptibles d’être sanctionnées, quelles que soient les interventions pharmaceutiques parallèles potentielles. Le dopage est une science très complexe en soi et a certainement pris de nouvelles dimensions avec l’augmentation considérable des budgets des équipes ces dernières années.
Le contre-la-montre final de Monaco à Nice, qui est en fait un demi-contre-la-montre de montagne avec une montée de catégorie 2 à La Turbie, est couru sur 34 km et 720 m, à une moyenne de presque 46 km/h [42] ! Pogacar grimpe les rampes à 13% avec une moyenne horaire de 36 km/h. Il est donc difficile d’imaginer que les coureurs puissent être en mesure d’atteindre une telle vitesse.
Dans le premier court tronçon plat, dans les canyons routiers de Monaco, les acteurs se déplacent à des vitesses de pointe comprises entre 60 et 80km/h, soit plus vite que la vitesse autorisée par la gendarmerie.
Mais il y a encore plus extrême, Pogacar descend à 90km/h vers Nice.