L’analyse ad hoc du co- commentateur d’Eurosport Bernhard Eisel, selon laquelle Jasper Philipsen a voulu changer de position de tête et van der Poel s’est trouvé du mauvais côté de la roue arrière, ce qui a rendu l’écart avec Degenkolb si étroit que van der Poel a touché le coureur DSM dans le mouvement d’évitement, n’est donc pas cohérente. En cas de vent contraire, la relève se fait toujours contre le vent, c’est ce que l’on apprend en tant que coureur dans la catégorie des écoliers, Philipsen se serait donc retiré vers la gauche. La variante selon laquelle Philipsen aurait soudainement voulu sortir sur la bande de sable sur laquelle Degenkolb est arrivé en trombe en raison de la moindre résistance au roulement par rapport au pavé est également absurde, car il avait auparavant complètement ignoré cette bande. Si van der Poel avait voulu attaquer à droite dans l’espace entre Philipsen et Degenkolb, créé par la sortie de ce dernier sur la bande d’arrêt d’urgence, dans le sillage de Philipsen, son coéquipier en position de leader serait également parti vers la gauche, au plus tard à l’appel de commande de van der Poel. Il serait alors resté de la place pour Degenkolb et la collision n’aurait pas eu lieu. Van der Poel a vu Degenkolb suffisamment longtemps devant lui puis à sa droite, il ne reste donc plus que l’option qu’il ait délibérément tiré Degenkolb et que Philipsen se soit déplacé vers la droite, soit parce qu’il a remarqué que le capitaine de la DSM voulait passer à droite, soit parce que Van der Poel a même ordonné à Philipsen de « fermer la porte ». Il est en tout cas évident que les deux coureurs professionnels d’Alpecin-Deceuninck ont délibérément voulu éliminer Degenkolb, un candidat potentiel à la victoire qui s’est montré très fort jusqu’à la phase décisive de la finale de la course, à l’endroit de la chute.
A peine Degenkolb a-t-il été envoyé au sol et le duo Alpecin-Deceuninck se remet-il de la collision que Wout van Aert, profitant de la situation, se lance à l’attaque avec une grossière attitude antisportive. La crevaison qui s’ensuit sanctionne immédiatement ce manque de fair-play du pro Jumbo-Visma. On aurait souhaité le même sort au reste de la troupe d’égoïstes sans scrupules, jusqu’à ce que Degenkolb, remonté et en chasse, parvienne à rejoindre le groupe.